Mentorat au-delà des frontières : bâtir des alliances durables
- Florence Kintzel
- 26 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 oct.

En repensant à ma carrière internationale des débuts en France, à la création d’une entreprise au Japon, jusqu’à mon retour en Europe, je réalise que les moments qui m’ont vraiment façonnée n’ont que rarement été des victoires isolées. Ce sont ces instants où des mentors, des collègues et des amis m’ont dit qu’ils croyaient en moi, m’ont poussée vers la meilleure version de moi-même, ou ont rendu à nouveau familier un monde soudain trop vaste ou trop étranger.
On nous présente souvent le mentorat comme une relation formelle et hiérarchique, où un cadre dirigeant prend « sous son aile » un talent prometteur. Or, d’après mon expérience, les mentorats les plus marquants sont bien plus subtils. Ils reposent sur la confiance, le respect et l’envie de se transformer ensemble. Et lorsqu’ils franchissent les frontières, géographiques, culturelles, générationnelles, ils deviennent des alliances puissantes, capables de vous porter à travers les transitions les plus exigeantes d’une carrière menée à l’international.
La réflexion d’aujourd’hui propose un regard approfondi sur ce qu’est le mentorat transfrontalier, pourquoi il compte pour les femmes ambitieuses qui « traversent des rivières » et naviguent entre Orient et Occident, et comment cultiver délibérément des alliances significatives qui durent.
Le mentorat dans un contexte global
Les carrières d’expatrié·e·s sont exaltantes, mais parfois solitaires. Quand vous partez, vous quittez non seulement vos proches, mais aussi les mentors et parrains qui ont contribué à votre réussite dans votre pays d’origine. Du jour au lendemain, vous devez composer avec une nouvelle culture professionnelle, sans trop savoir à qui faire confiance pour demander conseil.
C’est là que le mentorat transfrontalier peut devenir salvateur. Il vous ancre solidement, tout en vous poussant à vous adapter — qu’il s’agisse d’une mentore restée au pays qui vous offre de la perspective à distance, ou d’un guide local qui éclaire les règles tacites de la culture.
Je me souviens de mon arrivée au Japon : le langage de l’étiquette professionnelle y était totalement différent. J’ai eu la chance d’être accompagnée par une mentore, une Japonaise qui s’était bâti une carrière remarquable dans un univers masculin et qui m’a montré non seulement « les règles du jeu », mais aussi l’art plus subtil de bâtir la confiance au fil des années. Son mentorat allait au-delà des conseils : il m’a permis de prendre des risques, d’échouer, de recommencer, et de définir moi-même le sens de la réussite.
Les principes d’un·mentor·transfrontalier
Tous les excellents professionnels ne font pas d’excellents mentors, et toute personne prête à vous mentorer n’est pas forcément la bonne pour vous. Les mentors transfrontaliers les plus efficaces partagent quelques qualités essentielles :
Intelligence culturelle (CQ) : ils savent appréhender et interpréter le monde à travers une pluralité de prismes, et vous guident dans votre « décodage culturel » sans jugement.
Empathie et patience : ils connaissent la désorientation des transitions et marchent à vos côtés pendant que vous trouvez un nouvel équilibre.
Exigeants, mais encourageants : ils posent les questions qui vous font sortir de votre zone de confort, tout en vous tapant dans le dos quand la paroi paraît verticale.
Respect mutuel : ils vous considèrent comme un·e partenaire de croissance non pas quelqu’un à « éclairer », mais un esprit avec lequel résoudre des problèmes.
« Les personnes dont j’ai le plus appris ne sont pas toujours de mon domaine. Ce peuvent être des pairs ayant vécu des transitions similaires, ou des leaders d’autres secteurs qui apportent de nouveaux angles de vue. Le mentorat qui transcende les frontières s’épanouit souvent quand la diversité des parcours, des idées, des approches, est pleinement accueillie. »
Construire des alliances porteuses de sens
Comment repérer et conserver des mentors qui vous feront grandir au-delà des frontières? Voici ce que je suggère à mes clientes :
Soyez intentionnelle : l’élément clé est de clarifier ce que vous recherchez dans la relation de mentorat : agilité culturelle, développement du leadership, stratégie de carrière ? La cohérence attirera la bonne correspondance.
Élargissez vos horizons : grâce à la technologie, le mentorat n’a pas besoin d’être local. Le mentorat virtuel peut être tout aussi puissant, à condition de respecter les fuseaux horaires et d’être intentionnel dans la préparation des échanges.
Investissez dans la relation : un mentorat ne doit pas être un échange à sens unique. Donnez des nouvelles, exprimez votre gratitude et cherchez comment, à votre tour, contribuer aux objectifs de votre mentor.
Soyez curieuse et réceptive : les communications doivent être à double sens ; posez de bonnes questions et accueillez aussi les réponses difficiles. La réflexion suivie d’actions concrètes conduit à la croissance.
Laissez circuler le mentorat : certaines relations durent une saison, d’autres une vie. Laissez la relation évoluer, se transformer voire s’achever quand le moment est venu.
L’effet d’entraînement du mentorat
La beauté du mentorat, c’est qu’il ne s’arrête pas à vous. Une fois le chemin balisé, vous pouvez à votre tour guider d’autres personnes. Cet effet de « ripple » est particulièrement puissant pour les femmes aux carrières globales : en mentorant d’autres femmes, nous amplifions l’impact des leçons apprises.
Je l’observe dans mon cercle : des femmes que j’ai un jour mentorées mentorent aujourd’hui la nouvelle génération de leaders mondiales. Ensemble, nous formons une chaîne de sagesse, de résilience et de courage qui s’étend d’un continent à l’autre.
Le mentorat transfrontalier est l’un des leviers les plus puissants pour construire une vie et une carrière à la fois intentionnelles et expansives. Que vous soyez en quête d’un mentor, prête à le devenir ou les deux, ces relations se nourrissent d’authenticité, de confiance et de respect mutuel.
Prenez un moment pour réfléchir cette semaine :
Qui sont les mentors qui vous ont façonnée, et quelles leçons en avez-vous tirées ?
Où auriez-vous besoin d’un éclairage aujourd’hui ?
Comment transmettrez-vous, à votre tour, la sagesse qui vous a été offerte ?
Votre aventure dans le monde n’a pas vocation à être solitaire. Cherchez vos allié·e·s, cultivez ces relations et laissez le mentorat devenir le pont qui vous permettra de vous épanouir, où que vous choisissiez de mettre vos talents au service de la planète.



